Après avoir culminé à 10,3 % de la population active en 2015, le taux de chômage en France diminue depuis 2016 pour atteindre 8 % en 2020. Si la crise sanitaire a fait exploser le nombre de sans-emploi, son impact a été globalement effacé avec une baisse de 1,5 % pour l’ensemble des catégories A, B et C entre fin 2019 et fin 2021.
Dans le même temps, les chômeurs de longue durée sont toujours plus nombreux en France avec une hausse de 2,5 % pour les inscrits à Pôle Emploi depuis plus d'un an. A cela s’ajoute les chiffres inquiétants du « halo du chômage », c’est-à-dire, l’ensemble des personnes qui ne sont plus comptées comme chômeuses parce qu’elles ne mènent plus de démarches actives, bien qu’elles soient privées d’emploi et souhaitent travailler. Le nombre de personnes concernées a progressé de 24 % entre 2015 et 2020, alors même que le taux de chômage régressait.
Ces chiffres nous incitent à constater l’accroissement des inégalités d’accès à l’emploi, et par là même, l’échec du marché de l’emploi et des politiques de lutte contre le chômage. Un échec qui relance un débat récurrent dans l’arène politique : faire du droit à l’emploi, inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946, une réalité concrète. Dès les années 1970, Hyman Minsky, économiste américain, proposait de faire de l’Etat un employeur en dernier ressort, qui viendrait se substituer au privé dans le cas où celui-ci ne créerait pas assez d’emplois.
En France, la campagne « un emploi vert pour tous », lancée en 2021 par les think tanks Hémisphère gauche et Institut Rousseau reprend cette idée. Leur proposition : permettre à tout chômeur de plus d’un an de demander à l’Etat, sur la base du volontariat, d’occuper un emploi à temps choisi adapté à ses compétences dans le domaine du développement durable. Alors que la France doit baisser de 5 % par an en moyenne ses émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et que dans le même temps ATD Quart Monde estime à un Smic à temps plein par chômeur le coût de la privation durable d’emploi, cette mesure répondrait à deux des grands défis de notre temps.
L’« emploi vert » concerne une large gamme de métiers, allant de la reconstruction écologique à ceux du lien social ; nombre de métiers que l’on trouve dans l’IAE. Si la garantie à l’emploi n’a jamais été une réalité en France, l’accompagnement apporté par les SIAE se rapproche de ses objectifs. Alors que 35 % des salariés en parcours sont bénéficiaires du RSA, près de la moitié des publics accompagnés sont chômeurs de très longue durée. En Île-de-France, l’action des SIAE permet de remettre en situation de travail près de 30 000 personnes chaque année et de réinsérer dans le marché du travail traditionnel ou dans un parcours de formation plus de 5 000 personnes par an.
Dans notre région, il est possible d’allier créations d’emplois et transition écologique. Les SIAE sont particulièrement bien implantées dans les « filières vertes » que sont : l’alimentation et la production agricole raisonnée, l’économie circulaire, l’éco-construction. Si leur part dans l’emploi total des salariés en insertion n’est pas mesurée, les activités de collecte - tri –recyclage représentent 11 % des heures travaillées dans les SIAE franciliennes en 2019 ; un pourcentage équivalent pour la filière « Espaces Verts – Agriculture » la même année.
Lors de la campagne des régionales, le GRAFIE avait mis en avant la nécessité de construire une politique de l’emploi durable et non délocalisable qui conforterait les circuits courts. Si en 2022, c’est avant tout à l’échelle nationale que ces débats se porteront, l’inter-réseau poursuivra son plaidoyer pour le développement d’une économie porteuse de sens en Île-de-France.
L’équipe du GRAFIE.