La formation, sur le terrain : rencontre avec Sinacté 77
Comment un acteur départemental se saisit de la question de la mutualisation de la formation
Voici près de 3 ans que Sylvaine Borniche dirige le réseau des SIAE de Seine-et-Marne. A ce jour, le réseau compte 27 des 34 structures d’insertion du département. Il s’agit souvent des structures les plus importantes. L’ambition : renforcer leurs moyens et actions au profit des personnes fragilisées qu’elles accompagnent vers l’emploi au moyen de la plateforme collaborative.
« Il s’agit d’abord de mieux répondre en se groupant aux appels d’offre, appels à projets ou besoin d’un donneur d’ordre sur l’ensemble du département » explique Sylvaine Borniche. A ce titre, elle promeut les SIAE auprès des acteurs seine-et-marnais, informe les donneurs d’ordre et coordonne diverses actions pour réaliser des projets plus ambitieux et mutualiser des compétences et des moyens. Pour cela, il faut faciliter les échanges entre les professionnels des SIAE.
Second axe d’intervention : la montée en compétences des salariés (en parcours et permanents) pour lesquels elle met en œuvre différentes actions mutualisées (formations, ateliers, groupes de travail ou d’échanges…).
Très vite, les actions mutualisées sont apparues comme enjeu majeur de la formation, en faveur des permanents comme des salariés en parcours.
Déjà en 2016, s’était tenue une session de formation mutualisée avec pour thématique le droit des étrangers financée par les structures participantes.
Parallèlement des échanges d’informations et de pratiques autour de la formation professionnelle et la montée en compétence sont organisés. Ce sont aussi des moments pour éclairer sur les réformes, les dispositifs, la prévention des risques et la mobilité.
Dès 2017, les actions sont structurées et mutualisées : une première remontée des besoins de formation des permanents permet de programmer plusieurs actions : formations de permanents pour devenir formateurs SST et « experts » sur les plans de formation, en vue de les mobiliser au sein des SIAE n’ayant pas ces compétences en interne, formation des encadrants techniques à leur rôle d’insertion, formations à la réponse aux marchés publics…. Pour cela Sinacté obtient des financements (FDI formation et 3 DLA collectifs-marchés publics, GME, modèle économique des ACI). « La mise en oeuvre au plus près des structures plutôt que dans Paris permet une participation plus importante » rappelle Sylvaine Borniche.
En 2018, la remontée de besoins de formation est étendue aux salariés en insertion . Un premier atelier « Mobilité » mutualisé se tient pour les salariés en parcours et une expérimentation est tentée avec Chantier Ecole et le Greta 77 pour mutualiser une session de formation aux savoirs de base. Même si cette expérimentation ne va pas jusqu’au bout, de précieux enseignements en sont tirés sur les rythmes de la mutualisation.
En 2019, la stratégie est confirmée. En faveur des permanents, des formations mutualisées sont réalisées : la gestion des conflits, les conduites addictives en milieu professionnel, être référent propreté, la compréhension de la réforme de la formation, le développement de son réseau d’entreprises pour une insertion professionnelle durable et l’accompagnement à la VAE. Elles ont été financées par les SIAE (FDI formation, Opco et fonds propres).
Destinée aux salariés en parcours, est lancée en fin d’année une formation mutualisée CQP agent machiniste avec l’INHNI, l’organisme de formation de la branche propreté. Elle est financée par les SIAE via l’EDEC IAE et/ou Opco et leurs fonds propres. De nouveau, des ateliers « mobilité » et « métiers » se déroulent avec la RATP (uniquement sur Meaux).
Forte du « succès d’audience » et du savoir-faire en matière de formation mutualisée à destination des salariés, Sylvaine Borniche a pour projet en 2020 une deuxième formation CQP et des sessions de formation mutualisée sur les savoirs être, les savoirs de base et FLE.
En ce début d’année, la remontée des besoins pour les salariés en parcours a notamment mis en exergue plus de 150 demandes de formation en SST, et plus de 60 en CACES. Une mutualisation des ces formations est à l’étude.
La coordinatrice pointe en revanche une contradiction :
« peu de demandes sont explicitement remontées des structures concernant les formations en linguistique et savoirs de base, alors que beaucoup expriment les difficultés de leurs salariés sur le français et les savoirs de base, prérequis à l’entrée sur certaines formations ».
Des propositions de formations mutualises sont donc envisagées. Deux ou trois organismes de formation seraient présélectionnés dans le cadre d’un appel d’offre , Le lancement de l’action est prévu pour mi-avril, après les différentes validations nécessaires (sélection des OF, tour des OPCO, validation Direccte…). Une ou deux réunions préalables, notamment lors du CA début mars, seront organisées au cours desquelles seront présentés les différentes propositions et se dérouleront les échanges avec les SIAE.
Autre question épineuse, tout projet de formation doit prendre en compte l’étendue du territoire, et donc considérer la nécessité de locaux à proximité d’un nœud de transport (en distinguant notamment nord & sud).