Les résultats actuels en matière de baisse du chômage ne cachent pas la dynamique durable de l’augmentation du chômage de longue durée. Conscient de cette faiblesse, le ministère du Travail a récemment annoncé l’ouverture de plusieurs chantiers dont la réalisation devra permettre l’accès au plein emploi dans les prochaines années. Au centre de ces préoccupations, la construction de dispositifs adaptés à différentes catégories de demandeurs d’emploi est au cœur des objectifs prescrits. Les séniors, les jeunes, les personnes handicapées sont ainsi ciblés par l’action ministérielle et font l’objet de plans d’action spécifiques. Une volonté relayée localement par la Préfecture d’Île-de-France dans le cadre du pilotage de la politique régionale de l’emploi.

 

La stratégie régionale IAE donne pour mission aux acteurs de l’insertion de préserver un accès prioritaire aux parcours d’insertion pour les publics les plus fragiles en renforçant leur accompagnement. Dans ce cadre, il convient de distinguer plusieurs publics cibles, les mesures envisagées et leur déclinaison pour l’IAE francilienne.

 

Le ministère du Travail lancera à l’automne un projet avec les acteurs de l’IAE et du handicap, afin de favoriser l’emploi des personnes handicapées en milieu ordinaire. On estime aujourd’hui qu’entre 6% et 14% des salariés en insertion ont une reconnaissance de handicap. Sur le terrain, une meilleure interconnaissance entre acteurs de l’insertion et acteurs du handicap permettrait la mise en place de parcours coordonnés, ainsi qu’un recours facilité à l’IAE. A cette fin, le GRAFIE et l'AGEFIPH Ile-de-France proposaient récemment un webinaire aux SIAE sur les ressources et les partenariats mobilisables, afin de renforcer les recrutements en SIAE des travailleurs handicapés.

 

En Île-de-France, les jeunes représentent 15 % des 30 000 salariés en insertion. Les jeunes de moins de 26 ans en grande difficulté faisant partie des publics éligibles, le GRAFIE œuvre à développer leur accès à un parcours IAE. Les missions locales peuvent orienter les jeunes vers les SIAE, via la plateforme de l’inclusion. Un ensemble de dispositifs existent pour l’accompagnement des jeunes neets (qui ne sont pas étudiants, ne suivent pas une formation et présentent des difficultés d’accès à l’emploi durable). Le contrat d’engagement jeune (CEJ), mis en place en mars 2022, leur propose un accompagnement individuel et intensif avec un objectif plus rapide et durable dans l’emploi. Depuis son lancement, 1 777 jeunes franciliens ont bénéficié de 2 284 solutions d’accompagnement dans ce cadre. Parmi celles-ci, 94 ont été proposées par des SIAE. Il s’agira à l’avenir de développer les interactions Pôle emploi -  SIAE - missions locales, afin de flécher davantage de jeunes vers l’IAE et construire des parcours efficaces.

 

Tout comme les jeunes, les séniors représentent 15 % des salariés en parcours dans notre région. Pour des personnes proches de l’âge légal de la retraite et qui ont été frappées par le chômage de longue durée, le retour à l’emploi classique à l’issue d’un parcours d’insertion peut s’avérer un objectif difficilement atteignable. C’est pourquoi le Cdi inclusion permet à des personnes âgées de 57 ans au moins de travailler dans un cadre de travail sécurisant jusqu’à la retraite et ainsi d’éviter de rester sans solution à l’issue d’un parcours d’insertion classique.

 

Enfin, dans un contexte où 28 % des détenus travaillent en détention alors qu’ils étaient plus de 50 % il y a 20 ans, il convient de favoriser l’implantation de l’IAE en milieu pénitentiaire. Les personnes placées sous-main de justice (PPSMJ) ou sortant de détention sont éligibles à l’IAE. Pour eux, l’accueil en SIAE est une mesure d’aménagement de peine extrêmement intéressante pour permettre à l’individu de se reconstruire et préparer sa sortie de détention. Si la grande majorité des SIAE franciliennes aurait les moyens d’accueillir des personnes en placement extérieur, la plupart manque d’information et ne sait donc pas comment procéder. C’est pourquoi un travail de sensibilisation auprès des structures, de l’administration pénitentiaire, mais aussi des juges est à envisager pour accroître leur interconnaissance et favoriser l’orientation de ce public vers des parcours d’insertion.

 

On le voit, les enjeux sont différents selon les publics et parfois difficilement conciliables dans un contexte où les priorités sont parfois changeantes. Sur tous ces sujets, nous invitons nos lecteurs à nous solliciter pour toute information additionnelle et propositions d’actions communes.

L’équipe du GRAFIE.